ERIC PERROT, CE JEUNE BIATHLÈTE DE 19 ANS QUI NOUS FAIT NOTRE FIERTÉ !
A seulement 19 ans en mars 2021, Eric Perrot est déjà vice-champion du monde juniors de la poursuite et champion du monde juniors du relais des Mondiaux d’Obertilliach en Autriche. Rien que ça ! Et pourtant, c’est en toute humilité et avec beaucoup de maturité qu’il s’est confié à nous ce mercredi matin au site nordique de Pont Baudin. Pour Peisey-Vallandry, il revient sur son parcours très prometteur.
- Tout le monde ne parle que de toi depuis la semaine dernière, mais au final peu de gens connaissent ton histoire. Peux-tu nous en dire plus sur toi ?
« Je suis originaire de Tarentaise, précisément d’Aime. Je suis né le 29 juin 2001 à Bourg-Saint Maurice d’une maman norvégienne et d’un papa aimerain qui se sont par ailleurs rencontrés grâce au biathlon. J’ai fait toute ma scolarité à Aime, de la maternelle au collège, en classe ski club bien entendu. Je me souviens d’ailleurs que ça avait été un gros défi en 6ème pour rentrer dans cette section à cause des sélections ! Juste avant mon entrée au lycée, nous avons passé une année en Norvège avec mes parents où j’ai rencontré plein de copains dans mon club de ski de l’époque qui courent aujourd’hui pour l’équipe de Norvège. A notre retour, je me suis inscrit au lycée public agricole Reinach de Chambéry qui dispose d’un pôle biathlon. J’ai obtenu mon Baccalauréat Scientifique en 2019 avec la mention Assez Bien. Désormais, je suis en STAPS à l’Université de Grenoble et compte bien étaler mes études sur plusieurs années pour continuer le biathlon en compétition. »
- Tes parents étaient tous deux des biathlètes, tu as dû commencer le ski très tôt alors ?
« Effectivement j’ai commencé le ski très tôt, avec du ski alpin et nordique. J’ai ensuite fait le choix de m’inscrire au club de ski de fond de Peisey-Vallandry, car cette activité me correspondait plus. Mes deux parents (Tone Marit Oftedal et Franck Perrot) ayant tous deux été champions du monde juniors en biathlon, ma mère en relais pour la Norvège et mon père en individuel pour la France, j’ai sûrement quelques gênes qui m’ont orienté vers ce choix. »
- Puisque tu as la double-nationalité, pourquoi avoir choisi de courir pour Peisey-Vallandry et pas pour un club en Norvège par exemple ?
« Le choix que j’ai fait est un choix de cœur. J’ai toujours vécu ici, j’ai grandi ici et je me voyais mal courir pour un club norvégien alors que j’ai entamé un cursus scolaire en France. Et puis il faut dire que je suis très attaché à ma vallée et au club de ski de Peisey-Vallandry qui fut également celui de mon père. Ceci dit, j’adore la Norvège et je me verrais bien y habiter de nouveau un jour ! »
- Comment as-tu fait pour arriver à ton niveau ? Est-ce le travail, le talent ou la chance ?
« Beaucoup d’investissement personnel c’est sûr, mais je dirais plutôt le rêve. C’est ça qui me pousse depuis tout petit à me surpasser. Depuis que j’ai intégré le ski club de Peisey-Vallandry, que j’ai commencé le biathlon, ce rêve ne m’a jamais quitté. Il me donne l’énergie pour avancer et me permet de franchir les étapes petit à petit avec toujours beaucoup de travail bien sûr. Et quand on aime ce que l’on fait, qu’on est passionné et qu’on a un goût très prononcé pour la compétition et bien on ne peut que nourrir davantage ce rêve… Même si ce n’est pas facile tous les jours ! »
- Ce rêve justement t’a récemment emmené loin. Tu as décroché deux médailles en l’espace de quelques jours aux Mondiaux d’Obertilliach. Tu t’y attendais ?
« M’y attendre, forcément un peu ! Quand on rêve on s’attend toujours à beaucoup ! De plus, j’arrivais avec plein de courses du circuit B donc j’avais déjà des points de repère et je savais que j’avais la possibilité de bien faire. Après, ça reste des championnats du monde donc tout peut arriver ! L’idéal c’est de ne pas arriver sur place avec des objectifs de résultat et de pratiquer son sport avec passion. Le classement, on le verra une fois la course terminée. »
- Et le classement fut plus que positif ! 8ème à l’individuel, 5ème au sprint, 2ème à la poursuite et enfin 1er au relais. Comment t’es-tu senti durant cette semaine couronnée de succès ?
« Je suis arrivé sur place avec beaucoup de motivation. Le lieu était juste incroyable ! Ça m’a vraiment mis dans un bon état d’esprit. Et puis voir les copains de l’équipe de France réussir sur les premiers jours, ça m’a motivé plus que jamais ! On était vraiment plongé dans une belle ambiance de rêve. Je me sentais confiant. J’ai ainsi commencé les championnats avec une belle 8ème et 5ème place. On en a forcément moins entendu parler car ça fait moins rêver qu’un podium, mais c’étaient déjà de grosses courses de biathlon où personnellement j’étais très satisfait de mes résultats. Et puis après j’ai enchainé avec une 2ème place à la poursuite. Je suis très fier de cette montée en puissance, car toute la saison j’avais fait de bons résultats, mais irréguliers. Là, chaque jour je faisais encore mieux que la veille. C’était difficile à réaliser et c’est pour ça que ce fut super satisfaisant. Et pour clôturer cette semaine en beauté, j’ai terminé avec une première place au relais avec mes collègues Oscar Lombardot, Sebasten Mahon et Emilien Claude. C’était magique parce que sur le papier on était donné favori et qu’on avait peur de ne pas être à la hauteur. Au final, on a tous fait un super relais et ça donne un résultat incroyable ! »
- De beaux résultats que nous espérons que tu as pu célébrer dignement !
« Et bien même pas ! Malheureusement, juste après la dernière course où on finit premier, on devait reprendre la route le soir même en bus en direction de la France. Et puis fêter une victoire durant la semaine alors que tu as d’autres courses le lendemain ce n’est pas envisageable. Pas grave, on se rattrapera en fin de saison avec les copains de l’équipe de France ! »
- Il semblerait qu’il y ait une bonne ambiance entre vous d’ailleurs. Est-ce facile de se faire des amis quand on a tous l’esprit de compétition ?
« C’est spécial. En soi, on ne se choisit pas. On rentre dans l’équipe parce qu’on a le même niveau et qu’on dispute les mêmes places. Néanmoins, tout le monde est bienveillant dans ce milieu donc c’est facile de se faire des amis. Au sein de l’équipe de France, la bienveillance et l’amitié l’emportent sur la compétition. Je considère mes collègues de l’équipe de France comme des membres de ma famille et j’ai vraiment plaisir à passer du temps avec eux. Et puis partager des victoires ensemble, ça fédère forcément ! »
- Ta carrière semble déjà toute tracée. Où te vois-tu dans 5 ans ?
« Pas sûr que j’aurai ma licence de STAPS (rires), mais je me verrais bien aux Jeux Olympiques de Milan en 2026. Le projet à long terme est de progresser et de se rapprocher du haut niveau sénior. Dans 5 ans, je serai à un âge où je peux être prêt pour les JO. Mais je ne me fais pas d’illusions, le chemin est long ! En biathlon, tu peux vite être au sommet, mais aussi très rapidement redescendre. Dans tous les cas, je continuerai à avoir de l’ambition ! »
- Et tu as vraiment raison d’y croire ! Un dernier mot pour la fin ?
« Je suis vraiment content de voir que le ski club de Peisey-Vallandry continue de grandir et d’offrir la possibilité à d’autres jeunes d’évoluer dans cet environnement de rêve entourés de bonnes personnes. Je suis très fier d’être d’ici et de représenter Peisey-Vallandry en compétition. Maintenant je ne souhaite qu’une chose : que le rêve continue ! »
Rédaction : Sahra Ronc
Crédits photos : @OTPV, @k_voigt_fotografie et @bhoto.de
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